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Bleu abstrait
Quand le ciel matinal mon chevalet en main
J’allais le cœur radieux retrouver st germain
Je croisais cette femme au regard de velours
J’avais le feu à l’âme et l’œil un peu vautour
Sur le pont des soupirs ou s’aimaient les amants
Elle passait chaque soir le pas gracieux et lent
Parfumée de chanel vêtue de ses dentelles
Elle m’inspirait l’amour aux couleurs aquarelles
Derrière mon chevalet je peignais ses attraits
Et son regard si bleu qu’il me semblait abstrait
Elle ignorait mes gestes et passait sans me voir
Mais un jour les nuages se sont mis à pleuvoir
Elle s'approcha de moi tout près du chevalet
Et de sa main gantée me tendit un billet
Un murmure timide me souffla à l’oreille
Je n’sais pas votre vie n’y votre doux sommeil
Mais je ressens en vous le désir de nous
Un espoir si doux d'un premier rendez-vous
En lisant le billet de cette belle étrangère
Sous le regard discret de la lune millénaire
J’avais le sentiment d’un désir fougueux
L’envie irrésistible d’apprivoiser à deux
Dans les draps de satin nos corps déshabillés
Ressentaient le désir d’un plaisir enflammé.
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Vie,
Pour ma mère qui coule dans mes veines
Pour mon enfance qui a vu ses peines
Pour mes sourires teintés de bonheur
Pour mes larmes remplies de douleurs
Pour mes matins en gouttes de rosée
Pour l’oiseau que j’ai apprivoisé
Pour la rose qui enivre mes sens
Pour l’orage et sa puissance
Pour l’aube qui éveille mes matins
Pour le mendiant à qui je tends la main
Pour l’horizon qui porte le jour
Pour l’enfant qui me donne l’amour
Pour la terre qui m’a vu grandir
Pour les saisons qui me voient vieillir
Pour toutes ces choses de l’existence
A la vie, je tire ma révérence.
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Même si,
Même si j’ai mal même si j’ai peur
Même si l’enfer brûle mes heures
Malgré mes peines malgré mes pleurs
Qui brisent mon cœur à l’intérieur
Sous les nuages remplis d’orage
Même si je n’ai plus le courage
Tous les démons et leurs outrages
Je les combattrai avec la rage
Même si j’ai envie de m’enfuir
Loin de ce monde sans sourire
Je dois rester me reconstruire
Même si mon regard transpire
De goutte d’eau remplie d’remords
Devant le tombeau de la mort
Même si mes regrets sonnent fort
Comme une cloche cerclée d’or
Je dois sourire même si j’ai mal
Même si mon âme se fait la malle
En laissant mon corps au canal
Un soir d’ivresse de carnaval
Parce que l’on n’a plus le sourire
Puisque la vie nous fait souffrir
Que l’on a mal à en mourir
On se raccroche à l’avenir.
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Complainte du pauvre,
Pauvreté, tu es ma compagne
Aussi fidèle qu’un clébard
Tous les matins tu m’serres la poigne
Quand j’sors du lit de mon cauchemar
Et quand devant mon café noir
J’te fais la gueule un peu blafarde
Tu vas faire un tour sur le trottoir
Afin d’aérer tes cafards
Pendant c’temps-là devant ma tasse
Je m’imagine au fond d’un puits
En grignotant un bout de carcasse
Un reste vieux d’hier midi
Et puis j’me dis, ce n’est pas la peine
D’aller m’jeter dans ce trou noir
Même si au fond j’aimerais quand même
Puisque ma vie est désespoir
Et revoilà ma chère compagne
Avec son armée de cafards
Cette pauvreté qui m’accompagne
Sur mon chemin un peu blafard
C’est grâce à elle que je survis
Même si des fois ce n’est pas facile
Car elle me rappelle que la vie
Vaut d’être vécue, même sur fil.
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Lettre froissée,
Je me souviens de vous
Comme d’un jour au lever
Nos premiers rendez-vous
Comme d’un parfum d’été
De vos doigts sur ma peau
Comme la brise d’un baiser
Du souffle de vos mots
Comme le vent des années
Je me souviens de vous
Comme d’un été indien
Qui chantait le mois d’août
Comme un dernier chagrin
Le nez au vent debout
Comme un oiseau de feux
Vous vantiez vos atouts
Comme un bijou précieux
Je me souviens de vous
Comme d’une douce caresse
De vos gestes un peu fous
Comme un verre d’ivresse
Je me souviens de vous
Comme un plaisir sans trêve
Je me souviens de tout
Au milieu de mes rêves
Je me souviens de vous
Comme un doux souvenir
Qui coule sur ma joue
En perle de soupir.
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Je me promène,
Quand l’aube éveille ma vie au regard du jour
Je ne suis pas reconnue dans les rues alentour
Mais j'ai le cœur rempli d’amour et de voyages
Qui entraînent ma vie vers de lointains rivages
Où je pose les mots sur la toile du temps
De mon humble plume sous le soleil levant
Je rêve de Rimbaud, j’ai l’âme d’un artiste
Je suis le clown triste au milieu de la piste
Je regarde les étoiles danser sur les dunes
J’étale mes toiles sous l’œil de la lune
Je dépose ma mallette sur la plage déserte
Je sors ma palette, je peins des toiles abstraites
Et quand vient le sommeil du fond de la nuit
Je m’endors dans le noir sous le ciel de minuit
Avec en mémoire ces couleurs éphémères
Qui exilent mes songes au milieu du désert.
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Regrets,
Dans le jour qui s’élève j’entends bâiller la lune
A l'aube qui s’éveille à la corne de brume
Le nez au vent debout à ma fenêtre ouverte
J’écoute le cor et le son des trompettes
Sous l'automne qui s’étire en lambeaux de feuillage
Mon cœur un peu farouche à offrir en partage
Par-delà le jardin j’aperçois une femme
Dans ses yeux écorchés il n'y a plus flamme
Si seulement son silence n'avait pas été d'or
J’aurais pu, c'est certain lui offrir un trésor
Déjà vieille et ridée toujours le mot éteint
Le visage recouvert d'un voile de satin
J'aurais voulu l'aimer jusqu'à mon dernier souffle
Offrir mon amour pour ne plus qu’elle ne souffre
Mais le temps a blanchi mes rêves et mes cheveux
Mon amour inavoué est devenu plus vieux
A ma fenêtre ouverte je regarde le soir
Des regrets éternels enflamment ma mémoire
Le jardin n'est plus là, les friches l’ont envahi
Et la femme est partie rejoindre une autre vie.
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L’adieux,
J’ai déposé les mots
Sur un bout de papier
Mes larmes à fleur de peau
Au bord de l’encrier
A l’encre de mes peines
J’ai écrit mes sanglots
La douleur de mes chaînes
Sur le blanc de ma peau
D’une plume cardinale
J’ai imploré l’soleil
Pour ne plus avoir mal
Au creux de mon sommeil
Des bribes de ma vie
Enrobées d’émotions
S’étalent dans la nuit
Au bout de mon crayon
J’ai refermé mon cœur
Et rangé mon cahier
J’ai soufflé ma douleur
Un peu ensommeillée
Juste avant de plonger
Dans les bras du silence
J’ai refusé d’pleurer
En fermant ma conscience
J’ai éteint l’sentiment
Pour oublier l’adieu
Je m’endors lentement
J’y crois encore un peu.
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Louis,
Il se promène avec son chien, un vieux bâtard
En longeant les trottoirs des réverbères blafards
Il rallume sa mémoire à la lueur du grand phare
Des souvenirs intimes, des regrets des cafards
Pour une dame d’autrefois admirée en secret
Caché tel un voleur derrière l’ombre d’un cyprès
Il aurait tant voulu l’approcher de plus près
Quand elle se déhanchait en vantant ses attraits
Mais son âme si craintive avait peur de déplaire
Alors il est resté dans ses murs solitaire
A compter les minutes et les heures solaires
Qui ont blanchi sa barbe et son regard si clair
Un jour elle est partie cette belle marquise
Dans un cabriolet en portant ses valises
Avec tous ses sanglots il alla à l’église
Alluma un grand cierge pour le cœur Elise
Les années défilantes sa douleur affaiblie
Sa raison s’était faite à vivre dans l’ennui
Quand un jour à l’aurore on vient frapper chez lui
Devant lui se tenait une femme aux cheveux gris
Il reconnut Elise et ses grands yeux bleutés
Elle lui dit s’il vous plaît avec votre bonté
Sans vouloir abuser pourriez-vous m’héberger
Car j’ai perdu mes clefs personne pour me loger
L’homme un peu étourdi lui offrit une fleur
Avoua son secret dans la douce senteur
Très émue par ce geste elle dévoila son cœur
Lui donna un baiser parfumé de bonheur.
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Une dernière foi,
Le temps a blanchi nos cheveux et nos vingt ans
Le vent a plissé nos yeux et nos mains
Mais il nous reste en mémoire ces instants
Merveilleux, les saisons, la lueur des matins
Le lever du soleil qui ranime chaque jour
Ce souffle de vie qui nous rend vivant
Sur cette terre qui porte notre amour
Ne laissons pas passer ces instants présents
Regarde-moi comme si c’était hier
Donne-moi encore la douceur de l’amour
Dans ce présent qui s’envole en poussière
Quelques baisers avant le dernier jour
Aime moi encore, avant cet ultime voyage
Avant que nos mémoires deviennent séniles
Dis-moi ces mots que l’on dit à tout âge
Fermons les yeux et partons en exil
Sur la rive où le temps n’a pas d’emprise
Là où le monde des vivants n’existe pas
Aimons-nous encore sous la douce brise
Sans avoir peur de franchir le pas
Celui qui conduit là-bas, au-delà de l’éther
Dans ce monde inconnu de l’humanité
Rejoindre la source, les êtres de lumière
Pour une renaissance dans l’amour glorifié.
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La vie,
Elle si belle la vie avec ses petits soucis
Ses grands tourments ses contretemps
Elle si belle la vie avec ses interdits
Ses jours de gloire ses désespoirs
Elle est si belle la vie avec ses larmes
Ses déchirures et ses blessures
Elle est si belle la vie avec ses drames
Ses gouvernements et ses censures
Elle si belle la vie avec ses cris
Ses peurs et ses douleurs
Elle si belle la vie avec ses mélodies
Ses cotillons et ses flonflons
Elle est si belle la vie avec ses sourires
Ses mioches qui pleurent, ses cloches qui meurent
Sur les trottoirs de la misère
Quand les flocons annoncent l’hiver
Elle est si belle la vie avec ses fleurs
Ses arbres centenaires ses océans
Elle si belle la vie sous le ciel de ses moissons
Quand le soleil nous caresse avec passion
Elle est si belle la vie au premier souffle de l’enfant
Qui s’époumone à l’air pollué de nos cités
Elle si belle la vie quand le vieillard est bien aimé
Avant que le trépas l’emporte vers l’éternel
Elle est si belle la vie avec ses forêts millénaires
Que l’on saccage au bulldozer
Elle si belle la vie avec ses liesses et ses détresses
Protégeons-la, comme un enfant qui vient de naître.